Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/81

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Il est des vocations innfîes, des natures heureuses, privilégiées chez lesquelles les aptitudes se trahissent par une facilité merveilleuse pour le genre de travail qui éveille leur génie. Aussi l’effort ne leur coûte point et l’obstacle est pour eux un aiguillon. Ils produisent des chefs-d’œuvre comme l’arbre tout naturellement porte des fleurs et des fruits, comme l’abeille dans ses courses matinales, fait le miel en pompant le suc des fleurs. Tel un Giotto dessinant sur le sable les chèvres de son troupeau, avant de savoir même ce que c’est que le dessin ; tel Pascal inventant, en quelque sorte, les mathématiques ; tel enfin, Yaucanson devinant l’art de la mécanique, témoin ce trait de sa première enfance^ qu’à l’envi nous racontent les biographes. Né à Grenoble, 24 février 1690, d’une famille d’artisans, ou mieux de petits bourgeois, il eut pour père Jacques Vocanson (car, d’après l’acte de baptême relevé sur les registres de la ville par M. Pilot, telle serait la vraie orthographe du nom), pour mère Dorothée Lacroix. Celle-ci, a femme d’une piété sévère, dit la Biographie universelle, ne permettait à l’enfant d’autre distraction que celle de venir avec elle le dimanche chez des dames d’une dévotion égale à la sienne. Pendant TOME III, 5