Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/96

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bientôt ou entend crier les os du Martyr et son sang jaillit de tous les membres et du tronc, comme le jus sort des raisins mûrs quand on les foule. Et le Martyr, les mains jointes, autant qu’il le peut, continue à prier. Mais soudain ou entend un affreux craquement ; les meules s’arrêtent et les esclaves font de vains efforts pour les ébranler. Ils y renoncent bientôt en reconnaissant que la machine, par un miracle à ce que crurent les chrétiens, s’était brisée soudainement. Cependant le Martyr respirait encore et ses regards toujours aussi sereins disaient assez que dans ce corps, qui n’était plus que tronçons et débris, l’àme, comme dans une forteresse ruinée la sentinelle héroïque, l’àme restait invaincue. Le Martyr n’eut pas besoin de ranimer son courage pour le dernier combat que devait couronner la victoire. Un licteur s’étant approché : — Par Jupiter, s’écria-t-il, il vit encore ; mais ses membres sont donc d’airain ou de fer ! Nous allons voir pourtant. Et d’un coup de haclie, il sépara la tète du saint de son corps, si l’on pouvait appeler encore de ce nom cette masse informe et sanglante aplatie par la meule. Au même instant, on entendit une voix céleste qui disait : • — Heureux Victor, tu as vaincu, tu as vaincu 1 Maximien cependant n’était point satisfait encore ; car il lui fallait bien confesser sa défaite. Espérant au moins triompher des morts puisqu’il n’avait pu vaincre les vivants, il ne permit pas qu’on ensevelit les corps des Martyrs. — Non, dit-il, on sait la folie des Christocoles qui eu

SAINT