Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/95

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VICTOR. 87 — OlTie l’encens au grand Jupiter, et, par ciît honneur rendu au Souverain des Dieux, rachète ton crime et rentre en grâce auprès de nous. Victor garde le silence, mais tout bouillant au dedans d’une généreuse colère, il s’avance comme pour obéir vers l’autel que portait le prêtre et d’un coup do pied il le jette à quelques pas. Maximien, par la violence de sa colère, reste quelques instants muet et comme interdit, puis avec un geste terrible, il crie aux licteurs : — Qu’on coupe le pied du sacrilège ! L’ordre est exécuté. Pendant la cruelle opération, le Martyr, joignant les mains, le visage radieux, s’applaudit de pouvoir offrir au Seigneur Jésus ce sanglant débris comme les prémices de son corps. Le César cependant regardait d’un œil farouche le Martyr, et paraissait hésiter, sans doute incertain sur le choix du supplice qui pourrait rendre la mort plus douloureuse. Enfin, comme fixé, il sourit d’une façun sinistre et dit aux licteurs : — À la Boulangerie publique cet impie et qu’il soit broyé sous les meules. Allez ! Les licteurs s’éloignent entraînant ou plutôt portant Victor, toujours calme et souriant, et qu’on peut suivre à la trace du sang qui coule à flots de l’horrible blessure. Le Martyr n’a pas l’air de s’en apercevoir. On arrive à la Boulangerie publique où de lourdes meules, mises en mouvement par une machine et par des- esclaves, servaient à broyer le grain qu’on versait par monceaux sur l’arène. À la place du grain, c’est Victor qu’on étend sur la dalle où la meule passe et repasse ;