Page:Bourdel, Charles - La science et la philosophie.djvu/20

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colère n’est jamais athée; il blasphème, il renie Dieu, et en le niant il le proclame et l’atteste; toute émotion forte, en remuant profondément notre puissance imaginative, en brisant pour ainsi dire la fragile enveloppe de nos notions scientifiques, de nos habitudes critiques et rationalistes, nous replonge pour un instant dans l’état théologique.

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Mais revenons à notre exemple. Si au lieu d’interroger un homme des temps anciens nous demandons à un savant du moyen âge, à un alchimiste, pourquoi la torche brûle, il nous répondra qu’il y a dans la matière dont elle est faite une certaine propriété, la propriété phlogistique. Si nous essayons de pousser plus loin les questions et de lui demander ce qu’il entend par là, il nous dira que le phlogistique est une force, une énergie, une vertu spéciale répandue dans certains corps et qui les rend capables de brûler et de produire la flamme. C’est la façon dont Sganarelle explique les effets de l’opium : l’opium fait dormir parce qu’il possède une vertu dormitive. Ne nous hâtons pas trop de sourire devant cette réponse. Peut-être trouverions-nous qu’en-