Page:Bourgeois - Pour la Société des Nations.djvu/80

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assure en retour la garantie supérieure de l’entente universelle.

On nous accuse de rêverie et l’on semble croire que les Conventions universelles d’arbitrage ne peuvent s’accorder avec les intérêts réels de la politique des divers États.

Un État est, nous dit-on, une formation historique dont les conditions d’existence et de développement ne peuvent être subordonnées aux liens d’un traité conclu sans connaissance particulière de la situation de l’autre contractant. On dit encore : Il n’est pas possible de consentir à ce que les conditions de puissance d’une nation soient transformées ; il n’est pas possible que des conditions différentes soient juridiquement déterminées par les articles d’une convention abstraite et impersonnelle.

Il ne s’agit point, et il ne s’est jamais agi dans nos délibérations des deux Conférences de La Haye, de chercher à modifier les conditions de puissance des diverses nations, d’intervenir dans le développement légitime qu’exigent leur tradition historique, leurs forces présentes et l’avenir de leur génie. Considérant que chaque nation est une personne souveraine, égale aux autres en dignité morale, et ayant, qu’elle soit petite ou grande, faible ou puissante, un titre égal au respect de ses droits, une égale obligation à l’accomplissement de ses devoirs, les États du monde réunis à La Haye cherchent seulement à