Page:Bourget, Poésies 1872-1876.djvu/67

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Si ma tristesse est infinie
Tu n’en dois rien savoir, va-t’en.
Tu ne peux rien sur l’agonie
Que je désire et qui m’attend.

Je ne suis plus l’ami fantasque
Que, par caprice, un beau matin,
Tu débarrassas de son masque
De sceptique et de libertin.

Toi-même es-tu l’enfant candide
Et l’Ariane au fil sauveur
Qui me servit un jour de guide
Au labyrinthe de mon cœur ?

Elles sont longues les années
Qui vont de seize ans à vingt ans.
Et que de belles fleurs fanées
Par un orage de printemps !

Épargnons-nous cette rencontre
Dont l’éclair sinistre et glacé
Perce la nuit des temps et montre
Un mensonge dans le passé.