Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/164

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faussement doriques, auprès duquel Henriette et Mme Scilly avaient aperçu Adèle Raffraye la veille et à la même heure. L’allée était vide. Il fit le tour de la chapelle que bordait une haie de coquets aloès, de ceux à qui les longues raies jaunes de leurs côtes donnent comme une livrée de sauvages arbustes domestiqués. Une de ces aquarellistes d’outre-Manche qui avaient excité sa verve y travaillait à un lavage de couleurs sur lequel il ne jeta même pas un coup d’œil en passant Il revint à l’autre extrémité, à la place destinée au tennis et close d’un filet de métal souple. Une partie s’y jouait, engagée et poussée entre deux jeunes Anglais et deux jeunes Anglaises, dont les traditionnels costumes de flanelle blanche allaient et venaient méthodiquement dans la lumière du beau soleil sicilien, comme ils auraient fait dans la brume de quelque watering-place de l’île de Wight ou du Kent… Francis s’arrêta immobile, halluciné, avec un saisissement de tout son être, tel qu’il n’en avait jamais éprouvé, tel qu’il ne devait jamais en éprouver de semblable. Parmi les quelques spectateurs disséminés autour de cette flegmatique partie de paume, il venait de reconnaître l’enfant qu’il cherchait.

De la reconnaître, et il ne l’avait jamais vue ! Mais Henriette avait eu trop raison, — plus raison qu’elle ne le savait elle-même. Il avait