Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/329

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rien vous demander… Comme elle vous aime et comme vous seriez coupable si vous la rendiez malheureuse !… »

Ainsi, même dans cette agonie de son chagrin, la tendre enfant avait trouvé la force de se préoccuper de lui. Elle avait obéi à son injonction de ne pas livrer son secret à sa mère. Et cette mère, quelle inépuisable bonté, quelle croyance en lui elle lui montrait, quand il méritait si peu l’une et l’autre ! Aucun soupçon qu’il pût être coupable d’une faute un peu grave n’avait seulement effleuré son esprit, et il était si coupable cependant, il avait manqué d’une manière si perfide au pacte de loyauté conclu entre eux par ses fiançailles ! Mais elle continuait tout simplement :

— « Voyons, Francis, vous ne devez pas tous les deux finir cette année, votre première année, sur des scènes semblables… S’il y a un malentendu de vous à elle, il faut qu’il s’efface… Il le faut aussi pour moi. » ajouta-t-elle d’une voix plus émue. « De voir Henriette comme je l’ai laissée et de vous voir comme je vous retrouve m’aurait bien vite fait perdre ce que j’ai repris de force par vous autant que par ce soleil, parce que je vous savais, que je vous sentais heureux. Je vous aime tant, elle et vous. Je vous unis dans une affection si vraie. J’ai un peu droit à votre bonheur… Allons, confessez-vous, » conclut-elle