Page:Bourget - Mensonges, 1887.djvu/14

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pardessus, et avança sur le pavé des souliers découverts. Ces souliers vernis, les chaussettes de soie à fleurs, le pantalon noir et le chapeau d’étoffe témoignaient que, sous la fourrure, ce personnage cachait une complète tenue de soirée. La voiture était un de ces fiacres sans numéro qui stationnent à la porte des cercles, et, tout en assurant son cheval, le cocher, peu habitué à ce coin provincial de Paris, se prit à regarder, comme faisait son client lui-même, cette entrée d’une rue, vraiment excentrique, bien qu’elle fût située sur le bord du faubourg Saint-Germain. Mais à cette époque, — en 1879 et vers le commencement de février, — cette rue Coëtlogon, qui joint la rue d’Assas à la rue de Rennes, présentait encore la double particularité d’être close par une grille, et, la nuit, éclairée par une lanterne suspendue, suivant l’ancienne mode, à une corde transversale. Aujourd’hui la physionomie de l’endroit a bien changé. Il a disparu, le mystérieux hôtel, à droite, placé de guingois au milieu de son jardin, et qui abritait sans doute une calme existence de douairière. Les terrains vagues qui rendaient cette rue Coëtlogon inabordable aux voitures du côté de la rue de Rennes, comme la grille l’isolait du côté de la rue d’Assas, ont été nettoyés de leurs amas de pierres. Les becs de gaz ont remplacé la lanterne. À