Page:Bourget - Mensonges, 1887.djvu/351

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quelle canaille vous avez pour ami ! … Ah ! ça, » s’écria-t-elle en se retournant vers René, croisant ses bras, et toutes les flammes de la colère s’échappaient de ses yeux agrandis par le noir, qui brûlaient dans son visage tout blanc, « vous trouvez cela propre d’insulter une femme, vous ? Et qu’est-ce que je lui ai fait, à ce monsieur ? Parce que je n’ai pas voulu obéir, comme un chien, à ses caprices, rompre avec tous mes amis, mener une vie d’esclave ! … Est-ce que j’étais sa femme, par hasard ? Est-ce qu’il m’entretenait ? Est-ce que je lui demandais compte de ses actions, moi ? … Et quand j’aurais eu des torts envers lui, c’était une raison pour aller raconter au public toutes les saletés qu’il a imaginées sur mon compte ! … C’est une canaille, une canaille, une canaille… Vous pouvez le lui écrire de ma part, et que le jour où je le rencontrerai, je lui cracherai à la figure… Ah ! Ce monsieur m’a traitée de drôlesse et de fille ! … Il la connaîtra, la drôlesse ! … Elle se vengera, la fille ! … Non, Mélanie, » dit-elle à l’habilleuse qui entrait, « dans un quart d’heure… je vous appellerai. »

— « Mais s’il ne vous aimait pas, » répliqua René, profitant de ce répit, « il ne se déchaînerait pas ainsi contre vous. C’est la douleur qui l’affole… »

— « Laissez-moi donc tranquille avec ces bêtises-là, »