Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/166

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un heureux séjour. J’appris presque tout de suite que la signora Balbi était une Française des environs de Lyon, venue en Ligurie très jeune à la suite de « malheurs de famille », — il faut bien respecter les traditions, — et mariée par hasard à un négociant de Rapallo. Mais voici qui n’était pas une tradition : restée veuve avec une fille à élever, elle avait eu le courage et l’esprit de prendre la gérance de cet hôtel, dont le maître venait de mourir. Depuis dix ans qu’elle dirigeait la maison, elle était arrivée à y établir partout un aspect d’ordre minutieux qui contrastait singulièrement avec le laisser aller des autres caravansérails prétentieux échelonnés sur la côte. Je l’entends encore me raconter son histoire en me montrant la chambre qu’elle m’avait choisie. Elle disait : — « Ce qui me contrarie, c’est que je ne vois presque jamais de compatriotes… Il vous faut faire connaître Rapallo en France, monsieur. Il vient des Anglais, des Allemands. Il ne vient presque jamais de Français. . . Pourtant je serais aux petits soins pour eux,- entendons-nous, autant qu’il est possible avec des domestiques de