Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/167

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ce pays ! Ils sont si paresseux… En ce moment nous avons ici une dame de Paris, une Mme de La Charme. Vous ne la connaissez pas ? Ah ! monsieur, vous verrez quelle femme distinguée et comme il faut ; elle me dit toujours : « Madame Balbi, je ne reviendrai jamais en Italie sans passer par Rapallo… Je ne me suis sentie chez moi nulle part comme ici… »

La signera Balbi avait mis à prononcer les mots « distinguée » et « comme il faut » une conviction si respectueuse, un accent si entendu ! C’était la vraie bourgeoise française, désireuse de rester « dame » dans n’importe quel métier et de ne pas vous laisser ignorer qu’elle est née pour un sort plus relevé. Cette petite personne de quarante ans, replète et comme tassée sur elle-même, avec un visage un peu plat, des yeux d’un bleu gris sur un teint reposé, des cheveux châtains, séparés en deux bandeaux lisses sur un front assez large, la bouche serrée et judicieuse, me représenta aussitôt le type achevé d’une de ces ménagères comme j’en ai tant connu en Auvergne durant mon