Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/173

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reste qu’à l’engranger. Et puis, qu’une énigme sentimentale se dresse au détour du chemin, sous la forme d’une femme aux prunelles émues, au joli sourire, et j’oublie d’écrire pour m’engager de nouveau sur ce chemin que Dumas vieillissant appelait, non sans mélancolie, la Route de Thèbes. Cette route passe un peu partout, — je le sais trop aussi. — Mais comment deviner qu’un de ses carrefours devait être pour moi la salle à manger de cet hôtel perdu d’Italie, où je descendis le soir de mon arrivée, obéissant docilement à l’appel de la cloche réglementaire ; et je ne me doutais guère que je rencontrerais l’éternel sphinx à l’une des tables de ce modeste réfectoire - à trois francs par tête, sans le vin.

Modeste, certes, bien modeste ; — mais cet industrieux esprit de finesse, si naturel aux Françaises de race autochtone et qu’annonçaient les yeux futés de la signora Balbi, s’y reconnaissait à vingt menus signes d’une installation soignée. Le linge était d’une irréprochable blancheur, l’argenterie étincelait. De petits festonnages de papier colorié paraient les corbeilles