Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/198

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et les choses, pour nous les déformer. Je venais d’en donner à Blanche la preuve la plus humiliante en lui parlant comme j’avais fait. Un mot suffit pour qu’elle l’oubliât et n’aperçût plus en moi que l’ami de François Vernantes d’abord, et surtout le docteur ès sciences sentimentales dont elle mendiait la consultation, — infortuné docteur qui n’a jamais su se traiter lui-même !… — «  Je vous demande pardon, » lui avais-je dit, pour rompre ce cruel silence, « si j’avais su ! » — " Ah ! » répondit-elle, » j’ai tant cru que vous saviez, que vous deviniez, quand je suis entrée dans la salle à manger et que vous ne m’avez pas saluée… Dieu ! Quelle heure je venais de passer depuis que Mme Balbi m’avait dit qu’un Parisien était dans l’hôtel et qu’elle vous avait nommé !… Un mot, et vous comprendrez mon agonie : mon fils ne sait pas qui je suis. Mais c’est toute une histoire à vous raconter… Je ne peux pas. Le temps m’est mesuré pour ce que j’ai à vous demander… S’il nous surprenait seulement… Non ! Ce n’est pas lui… »