Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/209

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devine. Vous êtes un peu jalouse, comme toutes les mères, » lui dis-je, « et vous appelez cela avoir peur pour lui… » — « Je ne suis pas jalouse, » répondit-elle, et avec passion : « Ah ! si je pouvais le donner à quelqu’un qui le rendît heureux et m’en aller, m’effacer, disparaître, mais ce serait le rêve de ma vie, cela ! Pensez donc, le bien marier, lui donner la possibilité d’avoir une famille, des enfants, un intérieur… Mais ce bonheur, je ne peux pas le voler pour lui… Écoutez, « insista-t-elle, « quand j’ai vu qu’il commençait de s’intéresser à cette petite Cynthia Cobay, mon premier mouvement a été de me dire : C’est une femme comme celle-là qu’il lui faudrait. Elle est si charmante, si douce, si fine, si vraie, pas trop riche, assez pour qu’ils puissent vivre avec ce qu’aura Percy, — je lui ai assuré deux cent mille francs pour le jour de sa vingt et unième année. — Elle est fille unique et sans autre proche parent que son père. Et puis, je n’eus pas plus tôt conçu la possibilité de ce mariage que l’honnête homme se révolta en moi de nouveau. Je me dis : S’il se marie jamais, je n’aurai pas le droit de me taire, quand même je