Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/210

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le pourrais. Qu’un jour le père de la femme de mon fils puisse le souffleter de ce mot : Vous m’avez trompé ; que cette femme ait honte de lui, honte de porter son nom, d’être sa femme ; que lui-même vienne à moi et me reproche d’avoir fait de lui le complice inconscient d’un pareil mensonge… non, non, non, cela ne sera pas ! Je ne le supporterai pas !… » — «  Apaisez- vous, » fis-je, effrayé par l’exaltation où je la voyais, « Votre fils a dix-huit ans, cette fille en a dix-sept. Il ne s’agit de rien de sérieux. Vous aurez le temps d’avoir ces scrupules quand votre Percy aura l’âge de se marier. D’ailleurs il faudrait à ce moment-là produire des actes. Vous ne serez même pas tentée… » — « Je me suis dit cela aussi, « répondit-elle, « mais ce n’est pas bien. Non, ce n’est pas bien de ne pas couper court à tout cela dès aujourd’hui. Vous ne connaissez pas mon fils ? Je ne crois pas me monter la tête sur lui. Je sais qu’il est lent d’intelligence, qu’il a peu de conversation, pas du tout de brillant. Mais c’est l’âme la plus loyale, le cœur le plus droit… S’il se fiançait avec cette jeune fille, ce serait un don