Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/275

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ce que je sais, moi ? » reprit le modèle en haussant ses fines épaules. « Pour rendre cette autre jalouse, peut-être ? Je parierais cent sous que le monsieur qui est venu tout à l’heure est le frère, le mari ou l’amant de cette femme, et qu’il doit lui raconter qu’il a trouvé ton ami réveillonnant avec nous ?… » — « Vous ne vous fâcherez pas si je vous répète ce que cette petite Irma s’imagine sur votre compte ? » disais-je à Charles une heure et demie plus tard, quand nous nous retrouvâmes seuls sur les pavés inégaux de la rue du Faubourg-Saint-Jacques, où demeuraient classiquement les deux modèles. Nous avions assisté en leur compagnie à la messe de minuit. Je dois reconnaître qu’elles avaient prié avec autant de ferveur naïve que si elles n’eussent pas été des fantaisistes de l’amour, en quotidienne brouille avec le cinquième commandement. Puis nous les avions reconduites en voiture, mais la froideur du philologue avait-elle déconcerté le caprice naissant de la sentimentale Zéphyrine, ou bien celle-ci jugeait-elle plus adroit de jouer de son côté l’indifférence ? Toujours