Page:Boursault - Théâtre, tome premier, Compagnie des Libraires, 1746.djvu/442

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A remettre vos traits j’ai pourtant de la peine ;
Ne vous nommez-vous pas, Monsieur, Madame Isméne ?

ISMENE.

Oui, Crispin, c’est Isméne. Et ton maître, l’ingrat ?
Le perfide ?

CRISPIN.

Le perfide ?Mon maître ? Il est fort délicat.
J’ai peur dans la prison qu’il n’amasse du rhume.

Isméne met deux loüis dans la boëte de Crispin, & Crispin qui fait ses efforts pour en faire tomber quelqu’un, voyant qu’il ne le peut, parle en lui-même si justement au sens d’Isméne, qu’elle croit qu’il répond à ses demandes.
ISMENE.

Va, sa flamme l’échauffe, & l’amour le consume ;
Mais voilà deux louis, reçois-les de ma main ;
Et du traître Nicandre apprens-moi le dessein.
N’a-t-il point de regret de ce qu’il m’a perduë ?
Ne veut-il pas me rendre une foi qui m’est duë ?
Agis. Par ton moyen si l’ingrat se résout…

CRISPIN parlant des louis qu’il ne peut avoir.

Je suis trop malheureux pour en venir à bout.

ISMENE.

Toi qui sers cet ingrat, ne peux-tu faire en sorte,
Crispin…