Page:Boussenard - La Terreur en Macédoine, Tallandier, 1912.djvu/149

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— C’est juste ! la tuerie par les soldats impliquerait l’ordre venant directement de l’autorité suprême… il serait impossible de nier toute connivence…

— C’est cela même !… Du reste, il s’agit simplement de sauver les apparences, car les gendarmes assisteront et au besoin prêteront main-forte.

— Mais pourquoi le bâton ?

— Mon cher Ali, tu es un imbécile !

« Ah çà ! t’imagines-tu que je vais armer de sabres ou de fusils ces gredins, pour ne plus en être ensuite le maître, quand, après le pillage, je voudrai leur faire rendre gorge ?

« Il faut que l’extermination soit chose agréable, et surtout lucrative !… N’oublions jamais le côté financier que comporte toute opération…

« Ainsi, moi, je prétends battre monnaie avec les assommades qu’exécuteront les sopadjis… je ferai payer le prix du sang à des gens fous d’épouvante et qui verseront jusqu’à leur dernière piastre pour être épargnés… après quoi ce sang dont la rançon aura été payée sera quand même répandu !

— Bien raisonné !

« De quel côté commençons-nous ?… par la ville ?… par la campagne ?… de tous côtés à la fois ou seulement par tel ou tel endroit ?

— Il y a cette ville de Koumanova qui a refusé dernièrement de payer l’impôt.

« Les collecteurs ont même reçu des pierres !… on voit bien que je n’étais pas là !

« Dans vingt-quatre heures, un escadron de gendarmes, cent assommeurs… des wagons réservés pour conduire tout ce monde… nous partons pour Koumanova… et j’opère moi-même ! »