ébahis. Et Soliman, qui semble avoir la langue mieux pendue que son camarade, ajoute :
« Alors, nous sommes tes soldats, n’est-ce pas, mon capitaine ?
— Je le veux bien ! Mais je dois vous prévenir que nous sommes des rebelles,… que nous sommes en hostilité déclarée avec les Albanais et l’autorité turque…
— Voilà qui nous est bien égal !
— Je n’ai point de solde à vous donner…
— Le gouvernement nous payait à coups de trique et nous laissait mourir de faim…
« Il est vrai que nous avions la ressource de vivre sur l’ennemi… le paysan…
— Mais l’ennemi, le paysan, c’est nous…
— Alors, nous vivrons sur les gens de l’autre côté.
— Enfin, nous sommes chrétiens et vous êtes musulmans ?
— Oui, mais nous sommes de Macédoine… nous avons des parents chrétiens et nous ne sommes pas des sectaires…
— Oh ! non… pas des sectaires, opine gravement Mourad.
— Ma foi ! je n’ai plus aucune objection à vous faire…
— Vous êtes à vous quatre ma compagnie… mon régiment… mon armée…
— Oui, interrompt Michel, nous sommes cinq, plus une femme… mais bientôt nous serons cinquante… cinq cents… cinq mille… peut-être cinquante mille… ardents, convaincus, aimant la patrie et la liberté !
— Bien dit, Michel ! répond Joannès.
« Oui, nous serons une grande armée… une véritable armée… celle des patriotes, qui arrachera enfin à la misère, à l’esclavage, au martyre notre Macédoine !