La marche continue, de plus en plus douloureuse. Les malheureux fugitifs ne font que traverser Egri-Palanka. Hélène et Nikéa, les pieds en sang, peuvent à peine se traîner. Les patriotes veulent les porter.
« Non ! non !… nous marcherons… nous voulons marcher… comme des hommes… comme des soldats !
« Allons ! encore un effort. Ce n’est pas le courage qui manque… c’est le temps qui va faire défaut.
— En avant !… en avant !… »
La frontière se rapproche… quelques kilomètres encore, et c’est la vie assurée, c’est le salut !
Malédiction ! sur ce chemin affreux, on entend le bruit lointain d’un galop furieux, puis des clameurs sauvages s’accompagnant d’un fracas de métal.
Ce bruit s’approche, grandit, s’amplifie à tous les échos de la montagne.
Les cavaliers de Marko ! Les terribles Kourdes qui arrivent à toute bride, suivis, à faible distance, par la troupe hurlante des fantassins d’élite.
Dans quelques minutes ils vont rejoindre les fugitifs !
Un sentier de chèvres débouche sur la route, à droite. Joannès le montre du doigt et dit à Athanase :
« Pope, tu connais ce chemin de casse-cou qui mène à Nivia… notre suprême refuge…
« Prends le commandement et conduis nos frères là-haut… Je te confie Nikéa, ma femme, et Hélène, notre sœur…
— Mais toi, frère ?… que fais-tu ?
— Je reste avec les quinze meilleurs tireurs… nous assurons votre marche… nous soutenons la retraite, et nous vous rejoignons pas à pas…