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la terreur en macédoine

— Pourtant, je serais bien utile, avec toi… dit le pope avec un accent de regret.

— Toi seul connais le sentier… va !… il le faut… je le veux ! au nom de la Patrie… au nom de la Liberté ! »

Quinze hommes désignés par le jeune chef se détachent, reçoivent des autres leurs dernières cartouches, et s’embusquent à l’amorce du sentier.

D’un regard où elle met toute son âme, Nikéa envoie un adieu muet à l’intrépide partisan, et le gros de la tempête disparaît dans un fouillis affreux qui semble impraticable à des humains.

Il est temps ! un peloton de cavaliers débouche. Joannès défend de tirer, croyant qu’ils vont passer sans se douter de rien.

L’un d’eux voit luire derrière un roc le canon d’un fusil, le montre à ses compagnons et arrête son cheval qui plie sur les jarrets, à se renverser.

Se voyant découvert, Joannès n’hésite plus. Il commande à demi-voix :

« Visez chacun votre homme… attention… Feu ! »

Quinze coups de martini éclatent comme un tonnerre et roulent, en grondant, à travers les monts et les ravins.

Il y a un moment de confusion inexprimable parmi les cavaliers. Des hommes tombent, des chevaux partent affolés, des hurlement de rage accompagnent des cris d’agonie.

« En retraite ! » commande Joannès en rechargeant son arme.

Courbés, rampant, se défilant derrière les moindres accidents de terrain, les patriotes s’engagent dans le sentier.