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la terreur en macédoine

Ces éléments sont : la glycérine, l’acide sulfurique concentré, et l’acide azotique fumant. On fait agir sur la glycérine un mélange des deux acides, et l’on obtient ainsi un liquide huileux, jaunâtre, inodore, d’une saveur d’abord sucrée, puis brûlante, plus dense que l’eau et qui constitue un poison redoutable.

Ce liquide, c’est la nitroglycérine. L’explosif que Joannès prétend fabriquer, bien qu’il ne possède, comme vient de le dire Michel, ni glycérine ni acide. Alors, devenu questionneur inlassable depuis qu’il croit que ces substances peuvent assurer le salut commun, Michel demande à son ami :

« Tu me diras bien aussi ce que c’est que la glycérine ?

— Quand on traite un corps gras par des oxydes alcalins, on obtient, à côté de produits insolubles, un liquide incolore, sirupeux, sucré, incristallisable…

« Ce corps qui, en outre, est neutre, c’est la glycérine !…

— Bon Dieu ! es-tu savant !

« Où diable as-tu appris tout cela ?

— Savant !… Moi !… Tu veux rire !…

« Je ne suis qu’un pauvre petit étudiant… bien médiocre… qui a suivi, de bric et de broc, quelques cours de chimie à Pétersbourg, à Vienne et à Paris… juste assez pour savoir… que je ne sais rien !

— Tu es tout bonnement extraordinaire !…

« Mais revenons à la glycérine… Où est ton corps gras ?… où est ton oxyde alcalin ?…

— Les jarres pleines d’huile… voilà le corps gras… l’oxyde, c’est la pellicule qui s’épaissit sur le plomb au fur et à mesure que nos amis remuent la masse en fusion.