« Du reste, nous allons, dans un moment, commencer l’opération. Que l’on m’apporte un chaudron… le plus grand possible. »
L’ustensile est aussitôt présenté que demandé, Joannès en apprécie au jugé la capacité, puis ajoute :
« Il contient une vingtaine de litres…
« Veuillez l’emplir à peu près aux deux tiers avec de l’huile… Bon !… Ajoutez quatre litres d’eau… mettez sur le feu ! »
Sans plus tarder, il saisit une cuillère à pot, écume tous les récipients où se trouve le plomb fondu, recueille l’oxyde, le met à part et le laisse refroidir… Et cela n’est pas long. Sitôt fait, il incorpore ce résidu au mélange d’eau et d’huile, dans la proportion d’un cinquième, et dit :
« À présent, entretenez le feu sans trop le pousser.
« Quant au résultat, je n’en suis guère inquiet… nous aurons de la glycérine. Elle sera très impure, à la vérité, mais néanmoins propre à l’usage que j’en veux faire.
« Ah ! si je pouvais réussir à obtenir de l’acide azotique…
— Tu as dit nitrique, tout à l’heure.
— Azotique, nitrique, c’est la même chose.
« Certes, il me faudrait également, pour opérer selon la formule, de l’acide sulfurique concentré.
« Mais l’autre suffit à la rigueur… et puis, c’est le cas de le dire ou jamais, à la guerre comme à la guerre !
« Allons agencer les appareils de distillation. »
Très simples, mais très pratiques, ces appareils, malgré leur grossièreté, font honneur à l’ingéniosité de Joannès.