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la terreur en macédoine

Au moment où le forfait va s’accomplir, au moment où les misérables s’élancent baïonnette au canon, se produit un véritable coup de théâtre.

Derrière une pointe de roc limitant l’esplanade, des clairons sonnent éperdument la charge. Les notes vibrent au-dessus des vallées, emplissant la gorge granitique, et brusquement éclatent, à quelques pas. En même temps, une tête de colonne apparaît. Des soldats bulgares commandés par un capitaine, le sabre de la main droite, le revolver de la main gauche.

Une troupe magnifique, ardente, disciplinée, qui arrive au pas de charge.

L’officier aperçoit Joannès livide, presque sans souffle, et murmure tristement :

« Nous arrivons bien tard ! »

Puis, d’une voix éclatante, il ajoute, en braquant son revolver sur le groupe de Turcs qui émergent à mi-corps :

« Halte !… le premier qui fait un pas est un homme mort !

— Arrière !… arrière !… ou je vous fais massacrer ! »

Alors, se tournant vers les patriotes, il les salue du sabre, et leur dit doucement :

« Et vous, frères, soyez ici les bienvenus ! »