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la terreur en macédoine

basse et sifflante. N’insulte pas, ou je te cloue la langue au fond de la gorge !

— Mille tonnerres !… nous verrons bien !

« Tu m’as surpris… mais attends un peu…

« Ah ! pardieu !… j’aurai une revanche terrible !

— Non ! il n’y a pas de surprise… je t’ai touché loyalement… où je voulais et parce que je voulais…

— Tu mens !

— Je n’ai jamais menti !

« Tu devrais avoir trois pouces de fer dans le poitrail… j’ai percé ta cartouchière et cela t’a sauvé la vie…

« Mais tu en tiens… recommençons !

— Ah ! oui, recommençons !

« Et prends garde à toi !…

— Garde-toi, Marko ! »

Le train dynamité est tout entier la proie des flammes. L’amas de bois peints forme un bûcher immense. L’incendie, qui se déchaîne dans toute son horreur, éclaire de lueurs aveuglantes cette scène tragique.

Les deux ennemis croisent de nouveau le fer. Les yeux flambants de colère, les narines dilatées, les dents serrées à se briser, ils sont la personnification de la haine et de la fureur.

Au moment où les lames se touchent, des bruits violents surgissent dans le lointain. On dirait des roulements de wagons s’accompagnant de clameurs humaines, de coups de feu. Tapis dans l’ombre, les patriotes s’agitent, inquiets, frémissants à ce tumulte de bataille.

Les Albanais, l’arme au pied, regardent, s’interrogent, s’énervent et poussent de sourdes exclamations.