Page:Boussenard - La Terreur en Macédoine, Tallandier, 1912.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
34
la terreur en macédoine-

solive du hangar. À chaque extrémité de la corde, un grand seau de bois.

Pour mener à bien l’entreprise, il faut travailler en silence, ne pas attirer l’attention des brigands et veiller à ce qu’ils demeurent enfermés.

« Je veillerai, dit Joannès, et malheur au premier qui allonge seulement le museau.

« Et toi, Michel, sais-tu manier une carabine ?

— Pas trop mal, tu verras !

— Bon ! à nous deux, nous composons l’infanterie.

« Panitza, tu seras le chef des pionniers. »

Un. beau garçon d’une vingtaine d’années, trapu, musclé, les yeux vifs, et francs, s’avance et répond :

« C’est bien, Joannès, j’accepte d’être le chef.

« Comme chef, à moi de travailler le premier. »

Il prend un pic, arrive au puits, et s’installe dans un des seaux, pendant que deux camarades retiennent le cordage.

« Attention ! laissez aller… en douceur… halte. »

À trois mètres de l’ouverture, le sapeur improvisé s’arrête. Avec la pointe de son pic il fait tomber les pierres qui dégringolent avec des plouf ! sinistres.

Vivement il creuse dans la paroi. En peu de temps il a pratiqué une excavation en forme de niche. Il quitte le seau, prend pied dans cette niche, l’amorce du futur conduit, et pioche sans relâche.

Les débris tombent en masse dans l’eau profonde qui rejaillit avec bruit. Joannès quitte un moment sa faction, s’approche du puits et demande à demi-voix :

« Quel sol ?… pierres ?… tuf ?… terre ?…

— Du sable ! répond joyeusement Panitza ; ça se coupe comme du beurre.

— Oui ! mais gare aux éboulements.