Page:Boutroux - Études d’histoire de la philosophie.djvu/243

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Dans cette seconde opposition, Dieu s’éveille à la vie personnelle ; mais, placé en face de la nature comme en face d’une puissance ennemie, il n’est d’abord qu’une énergie latente, une pure capacité d’amour et de lumière. Il faut, pour que cette énergie se déploie et se réalise, que l’amour entre en rapport avec la force et lui impose sa loi. Le progrès de la révélation divine appelle ainsi une conciliation de deux contraires qui ont surgi au sein de la volonté. Or, pour que cette conciliation s’opère, il faut premièrement qu’elle soit posée comme idée et comme but ; il faut ensuite que la volonté divine travaille à réaliser cette idée. Mais la conciliation de la force avec l’amour, ou du feu avec la lumière, n’est autre chose que la réalisation de cette sagesse éternelle, que la divinité a formée comme un miroir pour s’y contempler et s’y connaître. Il s’agit donc de faire descendre l’idée des hauteurs vides d’un ciel transcendant, pour la mêler aux forces vivantes et la manifester dans une nature corporelle. La sagesse idéale comme objet à réaliser : tel est le troisième terme qui se superpose aux deux contraires dans lesquels s’est dédoublée la volonté divine.

Comment s’accomplira la tâche nouvelle qui résulte de la position de ces trois termes ? Nous sommes ici sur le terrain de la vie : matière, agent et fin sont chacun des êtres doués de force et d’activité. C’est par la coopération de ces trois principes que la conciliation va s’opérer. Si l’amour est une action qui tend à adoucir la