Page:Boutroux - Études d’histoire de la philosophie.djvu/245

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dont la dernière est le royaume divin. Les sept esprits, selon Boehme, naissent successivement les uns des autres ; et leur succession marque le progrès de la nature vers Dieu. Les trois premiers amènent la nature ou l’élément obscur jusqu’au point où un contact sera possible entre elle et l’élément lumineux. Le quatrième réalise ce contact, et les trois derniers font régner la lumière et l’amour sur la nature soumise et persuadée.

Et d’abord naît dans la volonté le désir proprement dit, ou tendance égoïste. La volonté veut être quelque chose. Or elle n’a rien devant elle, dont la possession puisse la déterminer. Elle se prend donc elle-même pour objet, et elle veut tout pour soi. Elle s’imagine alors être quelque chose, et pourtant elle n’est toujours rien que faim et que vide. Cette première essence est l’obscur, le solide, la force de contraction, le sel des alchimistes.

À sa suite se produit le mouvement, comme seconde essence ou second esprit naturel. Car, à se prendre elle-même pour objet, alors qu’elle est infinie et vide, la volonté ne peut se satisfaire. Elle se tourne donc vers le dehors et devient l’aigu, l’amer, la douleur, aiguillon de la sensibilité, la force d’expansion, le mercure des philosophes.

Cependant les deux forces qui se sont ainsi produites sont en conflit l’une avec l’autre. La première dirige l’être vers lui-même, la seconde le dirige vers autre chose. De cette opposition résulte, comme troisième