Page:Boutroux - Études d’histoire de la philosophie.djvu/251

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de Dieu est son vêtement, sa forme extérieure, son corps et sa réalité : c’est Dieu vu dehors.

Décrire l’harmonie et la beauté de ce royaume de la Gloire est chose impossible. Ce royaume est tout ce que nous voyons sur la terre, mais dans un état de perfection et de spiritualité où la créature ne peut atteindre. Plus brillantes en sont les couleurs, plus savoureux les fruits, plus mélodieux les sons et plus heureuse la vie tout entière. Avec la pureté de l’esprit les êtres divins ont la pleine réalité du corps. Leur vie n’est pas un désir incomplètement satisfait : c’est l’être dans sa plénitude et dans son achèvement. Surtout c’est l’harmonie, conciliée avec le complet et libre épanouissement de tous les individus. Considérez les oiseaux de nos forêts ; ils louent Dieu chacun à sa manière, sur tous les tons et dans tous les modes. Voyons-nous que Dieu s’offense de cette diversité et fasse taire les voix discordantes ? Toutes les formes de l’être sont précieuses aux yeux de l’être infini. Mais si dans notre monde éclate la mansuétude divine, à plus forte raison dans le royaume de la Gloire les êtres sont-ils exempts de toute contrainte, puisque tous, dans ce royaume, chacun selon son caractère, non seulement cherchent Dieu, mais le possèdent et le manifestent.

Telle est, dans son achèvement, la nature éternelle, révélation du mystère divin. Elle porte en elle trois principes, qui sont comme les trois raisons ou fondements de détermination issus du rien primordial. Le