Page:Boutroux - Études d’histoire de la philosophie.djvu/250

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de Dieu, qu’à rassembler et coordonner toutes les forces qui successivement se sont suscitées les unes les autres. Si le supérieur doit gouverner l’inférieur, il ne doit pas s’y substituer et l’anéantir, car l’inférieur est sa réalité et son existence même ; et, privé de ce soutien, l’élément supérieur se dissiperait dans le vide des espaces transcendants. La lumière n’existe que fixée sur l’obscur. C’est pourquoi un septième esprit apparaît qui, gagnant l’inférieur au supérieur par la persuasion, et faisant descendre le supérieur dans l’inférieur par la grâce, appelle la nature entière, grands et petits, premiers et derniers, à la manifestation de la volonté divine. Cette essence est le corps ou l’esprit d’harmonie. Sous son action s’achève enfin la révélation de l’Éternel. La sagesse n’est plus maintenant une idée. Elle est un royaume d’êtres vivants, elle est le royaume de Dieu ou de la Gloire.

C’est ainsi que Boehme considère comme une réalité et comme une condition essentielle de la vie divine ce ciel incréé, ce royaume du Père, cette gloire de Dieu, dont l’Écriture parle en tant d’endroits et où l’on ne voit souvent qu’une métaphore. Le lis est vêtu de beauté, et d’une beauté qui surpasse la magnificence de Salomon. L’homme a son vêtement de gloire : c’est sa richesse, sa maison, sa puissance, ses honneurs, tout ce qui manifeste son invisible personnalité. Dieu, lui aussi, se révèle dans un phénomène qui n’a d’autre contenu que lui-même, et qui cependant se distingue de lui. La Gloire