Page:Boutroux - Études d’histoire de la philosophie.djvu/315

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mesurer la puissance, à en chercher la destination. De la science il s'élève à la métaphysique. Non qu'il lui faille, pour cela, se séparer de la science. C'est la science au contraire qui, convenablement interprétée, lui ouvre la voie de cette connaissance supérieure. Il remarque que la méthode mathématique, si parfaite qu'elle soit, n'est que l'enveloppe de la méthode véritable . Celle-ci, dégagée de la forme particulière que lui donnent les géomètres, a une portée universelle et permet de tirer d'un sujet quelconque les vérités qu'il [509] renferme. Par l'emploi de cette méthode, on peut donc arriver à démontrer rigoureusement les vérités métaphysiques aussi bien que celles de la géométrie. Et c'est le principal emploi que l'homme doive faire de sa raison, que de tâcher ainsi à connaître Dieu, soi-même et les premiers principes de la science de la nature .

Dès lors, si une philosophie purement naturelle pouvait se donner comme objet suprême l'empire sur la nature, une philosophie plus complète ne voit dans cet empire même qu'un moyen au service d'une fin plus haute. Il ne s'agit plus seulement de régner, mais de régner au nom et en vue de la raison. Modérer l'influence du corps par la médecine est certes le moyen extérieur le plus pratique d'aider les hommes à se rendre sages ; mais la médecine n'est pas la sagesse,