Page:Boutroux - Études d’histoire de la philosophie.djvu/316

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

non plus que l'instrument n'est l'œuvre à laquelle il sert . Et de même, gouverner ses passions grâce à la connaissance de leur mécanisme n'est pas encore les rapporter à leur véritable usage. Ce n'est pas telle pensée qu'il nous plaît que nous devons tâcher de substituer à celles que la passion nous suggère, mais bien les pensées qui véritablement affranchissent l'âme, celles qui sont approuvées par la raison. Car c'est l'office de la raison d'examiner la juste valeur des différents biens dont l'acquisition dépend de nous . Et au-dessus même du bon usage des passions, qui concerne l'âme envisagée dans son union avec le corps, Descartes place les biens de l'âme envisagée dans sa vie propre. Il y a une joie purement intellectuelle . L'âme peut avoir ses plaisirs à part . L'exercice de la vertu, auquel sont attachés ces plaisirs est, non seulement un remède souverain contre les passions , mais encore la plus haute perfection où l'on puisse prétendre, parce que c'est la pure action de la volonté libre .

Au-dessus donc de la morale des moyens, qui n'est guère que la physique appliquée, Descartes conçoit une morale des fins, qui repose directement sur les parties