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DISCOURS

quelquefois au-dessus de la raison, mais jamais contraire à la raison. Je me sers du terme véritablement, car combien de fables n’a-t-on pas voulu accréditer, par le moyen de la révélation ? et combien de fois ne s’est-on pas servi de la parole de Dieu, qui est la vérité même, pour établir les mensonges les plus grossiers, et les plus pernicieux à la société ? Je m’élève souvent, dans cet ouvrage, contre ces erreurs : celle que je condamne avec le plus d’indignation, c’est l’intolérance que certains théologiens bilieux ont soutenue, et soutiennent encore avec plus de fureur que de bon sens. Les Catholiques sensés, et qui suivent les véritables principes de leur religion, condamnent ce dogme impie et abominable : ils gémissent dans la douleur de leur cœur des feux que l’Inquisition allume en Espagne et en Portugal. Je fais gloire de me mettre dans le nombre de ces catholiques raisonnables, imitateurs des chrétiens des premiers siècles, et si Rome demande qu’on soutienne le dogme de l’intolérance

Je rends grâce au Ciel de n’être pas Romain
Pour conserver encor quelque chose d’humain.

J’ai attaqué le fanatisme le plus fortement qu’il m’a été possible. Nous avons vu, depuis six ans, deux rois, tendrement chéris de leur peuple, être prêts de succomber sous les coups d’infâmes assassins, armés par ce monstre, qui a si souvent fait le malheur des États les plus florissants, et qui mérite l’hor-