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XI
PRÉLIMINAIRE.

reur de tous les gens qui pensent, sous quelque forme qu’il se présente. Je ne l’ai donc pas épargné davantage chez les écrivains anciens que chez les modernes ; et lorsque je l’ai découvert dans les ouvrages d’un auteur ecclésiastique, qui vivait il y a quinze cent ans, je l’ai condamné avec le même zèle, et avec la même vivacité, que si j’avais parlé de Busenbaum, ou de quelques-uns de ces théologiens modernes, dont les ouvrages ont formé les Clément, les Ravaillac, les Damien, & les Malagrida. Théodoret, louant l’assassinat d’un souverain, m’a paru, quoiqu’au nombre des Pères de l’Église, mériter dans cette occafion aussi peu d’égard, que le jésuite Bellarmin, soutenant[1] ; Que les prêtres ne sont point sujets des Puissances temporelles, qu’ils ne peuvent en être jugés, quoiqu’ils blessent les lois civiles. Selon ce même jésuite, (devenu Cardinal par ses pernicieux ouvrages :)[2] Si les Chrétiens n’ont point fait périr autrefois Dioclétien, Julien, Valens, et plusieurs autres empereurs ; c’est parce qu’ils manquaient de force pour exécuter ce pieux dessein : puisque le Pape[3], comme souverain Prince spirituel, peut changer les Royaumes, les ôter à leurs Rois, et les donner à d’autres. Ajoutons à tant d’erreurs pernicieuses, ce que dit ce dangereux Cardinal pour

  1. Bellarm. de Clericis. Lib. I. cap. 28.
  2. Bellarm. de Rom. Pontif. Lib. V. cap. 7.
  3. Bellarm. de Rom. Pontif. Lib. V. cap. 6