Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 2.djvu/63

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réponds à tous les autres docteurs qui décident si hardiment du salut des hommes. Je me servirai de la réponse sensée que firent quelques docteurs nazaréens qui réformerent une foule d’abus, il y aura bientôt deux cent ans. [1]

Leurs ennemis leur demandoient s’ils croyoient que ceux qui étoient attachés à la croyance & aux sentimens du souverain pontife, pussent se sauver ? Nous ne damnons personne, répondirent-ils. Ce sont les mauvaises actions, les péchés mortels qui perdent les ames, & non la pédantesque décision des foibles mortels. Si cela est ainsi, leur dirent leurs adversaires, que n’embrassez-vous nos opinions, pour être dans une entière certitude, car nous croyons que vous êtes damnés. Dans le doute, rangez-vous donc au parti le plus assuré.

C’est le nôtre qui l’est, dirent sagement les docteurs. Nous accordons bien qu’on peut se sauver dans votre parti ; mais les erreurs & la superstition dont il est empesté, rendent la chose si difficile, qu’elle devient presque impossible : au lieu que chez nous, tout nous conduit dans la voie du salut, tout nous en facilite l’entrée.

Il n’est pas douteux, mon cher Isaac qu’il n’y ait un culte ordonné par Dieu

  1. Les docteurs réformés du collège de Poissy.