Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/109

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jolie. C’est la capitale du pays de Vaud, dans le canton,de Berne. On y vit beaucoup plus à Ia Françoise que dans les autres. Cependant les habitans ont en général les manières & les modes de leurs confrères. Ce pays ne produit aussi que ce que produisent les autres cantons. Le vin y est assez bon. Le lac & les rivières abondent en toute sorte de poissons. On n’y manque pas d’oiseaux & de toutes les autres choses nécessaires à la vie. La nature dans ce climat fournit aux hommes tout ce qui leur est utile : elle n’est avare que des choses qui introduisent le luxe & et autorisent la débauche.

Les Suisses sont endurcis à toutes les incommodités de la faim & de la soif, du froid & du chaud. Ils se nourrissent à peu de fraix ; leur principale nourriture étant du lait & du fromage. Chez eux les cuisiniers sont des gens inutiles ou fort peu employés. Ils ignorent l’art de composer des poisons pernicieux à la santé & à la durée de la vie, sous le nom de ragoûts fins & de mets délicats. Leurs maisons sont médiocres, & leurs meubles tiennent de la simplicité des premiers siécles. Leurs habits, faits pour leur utilité, & non pour éblouir les yeux de ceux qui les regardent, sont proportionnés au reste. Tant