Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/112

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obtiennent leur congé, & retournent dans leur pays, parfaitement élevés & instruits dans l’art militaire. Outre les soldats formés hors de la Suisse, on a encore grand soin de faire faire les exercices militaires certains jours marqués de l’année, à tous les bourgeois, & à tous les artisans. Les paysans même n’en sont point exempts. Après avoir travaillé certains jours de la semaine pour eux, ils employent les autres au bien public & au salut de la patrie.

Quoique ces précautions soient très-sensées, les cantons doivent peu craindre les invasions des étrangers. Les montagnes inaccessibles des Alpes leur servent de remparts, & il n’est point de prince en Europe, qui, soit par crainte, soit par intérêt, osât les attaquer, Quand, après une pénible guerre il viendroit enfin à les subjuguer, ce qu’il en tireroit pendant cinquante ans ne vaudroit pas ce qu’il dépenseroit dans une seule campagne. Si les Suisses doivent craindre d’être détruits, ils ne doivent l’appréhender que d’eux-mêmes. Tandis qu’ils seront unis, ils subsisteront tels qu’ils ont toujours été : mais s’ils viennent à se diviser, si la haine, la discorde, l’envie se glissent dans leurs cœurs, ils feront eux-mêmes