Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/114

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du reste. Les choses n’allerent pas cependant au gré de son attente. Son armée fut entierement défaite ; les billets meurtriers n’eurent aucun effet ; & loin que le moderne Josué priât la Divinité d’arrêter le cours du soleil, pour lui donner le tems d’achever de défaire ses ennemis, il la supplia avec instance d’amener la nuit & les ténébres pour l’arracher lui & le reste de son parti, à la fureur & à la vengeance des nazaréens réformés.

Après cette bataille, les Suisses papistes comprirent la sottise qu’ils avoient faite ; ils reconnurent combien il leur étoit nuisible de continuer une guerre dont les commencemens leur étoient si funestes : ils proposerent la paix à leurs ennemis, qui, charmés de retrouver des frères que la discorde leur avoit ravis, donnèrent aisément les mains à un accommodement qui pacifia toute la Suisse, assura sa liberté, qui ne pourra lui être ravie tandis qu’elle ne sera point divisée. Tous les cantons, soit les papistes, soit les réformés, sont persuadés de cette vérité. Aussi tâchent-ils d’être toujours unis, & de vivre en paix. L’abbé de S. Gall fait bien de tems en tems quelque tentative pour rebrouiller de nouveau les affaires, & causer