Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/117

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J’ai lû un livre, qu’on regarde dans ce pays-ci comme un chef-d’œuvre, intitulé : Lettres sur les François & les Anglois, par un Suisse. Cet ouvrage a eu assez de débit dans les pays étrangers. Mais, franchement, il ne vaut pas grand chose. L’auteur court après l’esprit, & veut dire de jolies choses ; c’est-là son foible ; il s’embrouille dans un nombre de divisions & de subdivisions. Le beau, selon lui, n’est pas toujours bon ; mais le bon doit être beau. Les François n’ont que le beau. Leur beau ne vaut donc pas le bon. C’est une chanson perpétuelle, retournée d’une manière différente, un galimathias de bon, de beau, de beau qui n’est pas bon : & tout cela tend à prouver que Boileau, & quelques autres auteurs de la première classe, sont des génies médiocres, & ne valent presque pas la peine d’être lûs. Il trouve les comédies Angloises peu dignes de l’estime des connoisseurs, quoiqu’en matière de belles-lettres ce soit en quoi les Anglois aient le mieux réussi, & que plusieurs pièces soient