Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/130

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L’ancienne Alexandrie fut presque détruite, cette grande ville se depeupla, & se remplit de ruines. L’étendue de ses murs renfermoit plus de masures & de débris que de maisons habitées. Les princes mahométans réduisirent son enceinte au peuple qui restoit, & qu’elle contenoit. Un des successeurs de Saladin se servit pour bâtir cette enceinte, qui n’a pas plus de dix milles d’Italie, des débris de l’ancienne que l’on abandonnoit, & les murailles de cette Alexandrie nouvelle, avec les cent tours dont elles sont flanquées, furent bâties en partie des ruines des palais. Cette enceinte est double ; & par des routes pratiquées au pied des tours dont elles sont accompagnées, les soldats, chargés de la garde de la ville, pouvoient en faire le tour, à couvert des insultes du dehors & du dedans, dont ce double mur les défendoit. Les tours, qui joignent ces deux enceintes, sont d’une grandeur & d’une hauteur prodigieuses. Chacune peut aisément contenir cinq cent hommes, & a plus de cent chambres toutes voûtées, ainsi que celles de certains corps de cazernes que j’ai vûes dans mes voyages d’Allemagne ; ensorte qu’on auroit pû mettre une garnison de cinquante mille hommes dans l’Alexandrie, sans