Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/144

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adversaire : il n’eut pas la patience de lui laisser achever la tirade d’injures qu’il avoit commencée. Le pere Girard, dit-il, est innocent aux yeux de tous ceux qui ne se laissent point prévenir par la haine & les préjugés. Il a été l’innocente victime d’un complot formé entre le pere Nicolas & le pere Cadière & sa sœur. Les jansénistes ont voulu, en perdant un des principaux membres d’une illustre société, lui porter un coup mortel. Ils ne se sont pas souciés de déshonorer la religion, pourvu qu’ils accablassent leurs ennemis.

« Voilà donc, messieurs, dit un officier, vos raisons réciproques. Hé bien je vais vous prouver à tous les deux, que vous avez grand tort de disputer aussi aigrement sur des suppositions qui sont également fausses. Je réponds d’abord aux vôtres, continua l’officier, en s’adressant au janséniste. Vous dites que le pere Girard, abusant de son caractère, a rendu démoniaque sa pénitente, & l’a séduite. Je vais vous prouver deux choses : ou que le pere Girard n’a pas abusé la Cadière, ou qu’elle y a consenti de bon cœur.

« Si les avocats, qui ont soutenu le pere Girard, avoient eu la permission de faire usage de la lumière naturelle, &