Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/148

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ont rendu aisées à obtenir. La Cadière auroit donc pû rendre heureux une autre personne. Tous les philtres du pere Girard ne la forçoient point de se déterminer absolument en sa faveur, à plus forte raison de se prêter de si bonne grace aux fourberies & aux miracles que j’ai prouvé n’avoir pû être opérés que par une ruse étudiée de cette fausse sainte.

« Convenez donc, messieurs les jansénistes, que les extases, les ravissemens, les prodiges de la Cadière n’ont été inventés qu’à dessein, & pour perdre ce jésuite : ou que la Cadière étoit de moitié avec lui de toutes ces impostures. Je vous donne le choix. De quelque façon que vous décidiez, vous m’avouerez que la sainte pour laquelle vous êtes si zélés, mérite un mépris infini, au lieu de votre estime.

« Je viens actuellement à vous, monsieur l’abbé, continua l’officier, & je vais vous prouver que le pere Girard ne doit point trouver un défenseur dans un homme tel que vous, dont l’état exige une morale rigide. Vous conviendrez aisément que le pere Girard n’étoit point un imbécille. Il étoit jésuite, & jésuite estimé dans son ordre. En voilà plus