Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/149

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’il ne faut, pour décider du caractère de son esprit & de sa politique ; je vous demande donc, monsieur, si vous croyez qu’un homme qui n’est pas bien aise de duper, en affectant d’être dupe lui-même, puisse donner dans toutes les extravagances de la Cadière, & de vingt ou trente autres dévotes, dont la plûpart, sans avoir pris des philtres, étoient pour le moins aussi échauffées que la Cadière ?

« La fameuse Batarel, la principale & la plus illustre des saintes de ce bon jésuite, soulageoit les feux quelquefois par des baisers amoureux. Il a avoué lui-même ce fait.[1]

« Eh quoi, monsieur ! Est-ce là la conduite d’un prêtre chaste, prudent & zélé pour le bien de sa religion ? Avouez donc, que si le pere Girard n’étoit ni sorcier,

  1. Interrogé, s’il ne lui est point arrivé de donner un baiser à la demoiselle Batarel, dans la maison de la Cadière ? A répondu, qu’étant allé dire adieu à la Cadière la veille de son départ pour 0llioulles, ladite Batarel, qui y étoit, le pria d’entrer un moment dans une chambre, sous prétexte de lui dire un mot ; & que ladite Batarel ayant brusquement fermé la porte de ladite chambre, embrassa le répondant, sans lui mot dire, qui se dépêtra sur le champ de ses mains. Recueil général des piéces concernant le procès entre la demoiselle Cadière, &c. Interrogat. 149, Tom. V. Pag. 40.