Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/159

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les moyens d’y parvenir. Que les nazaréens honorent les tombeaux de certains particuliers, j’approuve leurs maximes. Mais qu’ils érigent en divinité les cendres & les restes de ces mêmes particuliers ; qu’ils leur attribuent autant de puissance qu’à Dieu même ; que l’encensoir à la main, semblables aux payens, ils encensent sur des autels des morceaux d’os & d’étoffe : je condamne alors leur zèle outré, je ne vois plus rien que de ridicule dans leur façon de penser ; leur excès me fait presque pencher du côté de leurs adversaires, qui poussent trop loin à leur tour leur négligence & leur indifférence sur les tristes restes des hommes illustres, dont la vûe peut servir beaucoup à exciter à la vertu. On élève tous les jours des statues aux grands monarques, aux généraux illustres, pour animer leurs égaux à mériter par leurs actions brillantes de semblables monumens. Les reliques gardées soigneusement & respectées, valent, pour exciter les peuples à la vertu, des mausolées & des tombeaux superbes.

Ce n’est donc point, mon cher Brito, le soin qu’on a de conserver certains os, qui me fait condamner les nazaréens. C’est le culte qu’ils leur