Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/160

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rendent, & l’abus qu’en font les moines, comme ce religieux dont je viens de te parler ; hardi menteur, qui, abusant des cendres de son pere Bernard, commandoit aux démons par le pouvoir d’un squelette.

Ce qui a rendu les reliques méprisables, c’est qu’on les a mises en commerce comme une marchandise dont le prix étoit plus ou moins cher, selon les fabricans. Quelques souverains pontifes en ont vendu un grand nombre à fort bon marché, & quelques autres les ont portées à un prix excessif. Ils en ont cherché dans tous les lieux où ils croyoient pouvoir en trouver : & lorsque les véritables leur ont manqué, ils en ont fabriqué grand nombre de fausses ; semblables à certains souverains avides qui, après avoir tiré tout l’or de leurs sujets, leur donnoient en échange de mauvais papiers de valeur imaginaire. Le pouvoir qu’on a donné aux reliques de faire toutes sortes de miracles, part de la même source, & l’avarice leur accorde ces vertus surprenantes. Les souverains pontifes ont fait comme les vendeurs d’orviétan. Pour mieux débiter leur baume, ils lui ont attribué toutes sortes de vertus.

Les reliques, les possédés & les indulgences, sont trois mines