Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/166

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afin d’éviter les tristes suites qu’entraînent ordinairement les séditions populaires, il communiqua aux dervis le commandement qu’il avoit reçu, Il les exhorta à se soumettre aux ordres de leur prince, & leur recommanda de préparer le peuple à souffrir le transport du saint. J’irai demain, leur dit-il, exécuter les volontés du calife. Ainsi préparez tout ce qui est nécessaire. Les moines Turcs ne furent point étonnés du coup. Ils résolurent d’agir efficacement & de s’opposer aux ordres du souverain d’une manière qui pût ne pas leur nuire auprès de lui. Pour en venir plus aisément à bout, ils voulurent couvrir leur fourbe d’un miracle, & mettre le ciel dans leurs intérêts. C’est-là le grand secret pour venir à bout des entreprises les plus difficiles. Ils travaillerent toute la nuit à l’exécution de leur projet ; & après avoir ouvert le tombeau du saint, ils mirent autour du corps des matières combustibles, mêlées de quelques phosphores, capables de s’enflammer dès qu’ils auroient pris l’air.

Après avoir tout préparé, ils attendirent avec beaucoup de tranquillité le gouverneur, qui sous prétexte de faire plus d’honneur au saint, se rendit à son tombeau avec une suite de dix mille hommes, quoique tout cet