Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/170

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fut très-surpris d’apprendre que l’on célébroit la fête du dieu Apis, qui enfin, après bien du tems, venoit de se montrer publiquement. Il envoya chercher les prêtres ; leur dit en plaisantant, que s’il y avoit quelque dieu qui fût si bon de s’abaisser jusques aux Egyptiens, il étoit étonné qu’il se cachât au roi & leur ordonna de lui amener leur dieu Apis. Cambyse ne fut pas peu surpris lorsque les prêtres lui présentèrent un veau. Rempli d’indignation, il tira un poignard & en frappa le dieu dans la cuisse, qui mourut ensuite de ses blessure.

O méchans ! dit-il aux prêtres, les dieux sont-ils donc composés de sang & de chair, Sentent-ils les coups d’épée ? Certes, ce dieu est digne des Egyptiens. Mais je vous ferai reconnoître que vous ne tirerez point d’avantage de nous avoir abusés & de vous être moqués de nous. [1]

Je suis charmé, mon cher Monceca, du noble courroux de Cambyse ; & je vois avec plaisir qu’un payen au milieu de l’idolâtrie, éclairé seulement de la raison, reconnoissoit que la divinité ne pouvoit être composée ni de chair ni de sang. Les misérables prêtres qui desservoient

  1. Hérodote, Liv.I. p.45. de la traduction de Duryer.