Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/190

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nature des choses. Enfin après avoir travaillé avec beaucoup de patience, je crus qu’il étoit tems que je joignisse la pratique à la science spéculative. Je préparai mes fourneaux, je dirigeai mon feu, & je commençai à mettre en exécution ce qui m’avoit coûté tant de peine à apprendre. L’occupation que me donnoit mon ouvrage, & l’assiduité que j’étois obligé d’avoir à mon travail, m’empêchoient d’examiner la conduite de ma femme, qui, jalouse de me voir à la veille de faire de l’or, & de finir le grand œuvre, voulut aussi de son côté travailler à amasser des trésors. Elle ne trouva pas de meilleur moyen que d’avoir plusieurs amans : & dans peu de tems, elle s’employa si efficacement qu’elle acquit beaucoup de bien. Il est vrai, que parmi ses richesses, & il s’en trouva qui lui causerent beaucoup de chagrin. Elle s’apperçut qu’elle avoit besoin que le dieu Mercure réparât certain dommage qu’avoit causé la déesse Vénus. Le pis de cette affaire est que ces suites altérerent infiniment ma santé. Ma femme, craignant que je ne prisse mal cette aventure, disparut un jour avec un poëte de mes amis : j’ignore