Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/191

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où ils sont allés. Ce n’est pas-là ce qui m’inquiette : c’est d’avoir été forcé d’abandonner mes fourneaux pendant un tems pour aller chercher du reméde à ma maladie ; la santé étant une des principales choses que doit avoir le philosophe qui cherche d’opérer le grand œuvre. »

Je fus charmé, mon cher Monceca, d’avoir rencontré une personne avec qui je pusse parler des choses qu’on débite sur la prétendue pierre philosophale.

Eh quoi ! lui dis-je, monsieur, est-il bien possible, que l’homme puisse parvenir à la perfection de ce grand ouvrage ? Je vous avoue que j’ai regardé jusqu’ici comme des contes tout ce qu’on débitoit sur cette science. Vous avez tort, me dit-il. Il est vrai qu’il est très peu de gens à qui Dieu ait accordé le pouvoir de parvenir à la parfaite connoissance d’un art aussi précieux. Mais l’on ne peut douter de sa réalité. Il y a en Europe beaucoup plus de cet or fait par les artistes, que de celui qu’on apporte des Indes, du Pérou, & des autres endroits. Tous les directeurs des monnoies de France avouent qu’ils reçoivent toutes les années beaucoup plus de cet or & de cet argent, qu’on n’en apporte des pays étrangers. Les plus habiles orfévres